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Boyer, rejetant l’absorption, créa une nouvelle théorie pour expliquer entièrement l’infection et la formation des abcès métastatiques. D’après cet auteur, les abcès métastatiques seraient la cause et non l’effet de la suppression de la suppuration là où elle s’était d’abord établie ; il faudrait donc les considérer comme l’expression d’une irritation quelconque exercée sur les parties dans lesquelles on les observe. Cette théorie originale ne pouvait pas vivre longtemps, elle a été combattue par des expériences nombreuses faites à ce sujet ; la présence du pus dans le sang est devenue un fait incontestable. S’il nous restait encore des doutes, les observations de Monteggia les feraient disparaître complètement : la matière purulente, dit-il, après une résorption préalable, est déposée dans les organes, c’est là seulement, dans ces lieux d’élection, qu’elle fait connaître ses fâcheux effets.

Hunter pensait que la membrane interne des vaisseaux était une séreuse, et comme ces membranes produisent aisément des masses purulentes, il leur assimilait la membrane interne des veines ; le grand chirurgien avait mal vu, cette membrane n’est pas une séreuse. Dès qu’il crut avoir démontré que les canaux veineux peuvent s’enflammer et leur membrane interne suppurer, on admit que ce liquide pénétrait dans le sang et que les globules purulents, en s’arrêtant dans le parenchyme des organes, y provoquaient une phlébite capillaire. Cette phlébite se développait, prenait de plus en plus d’extension et, en s’irradiant dans le voisinage, provoquait la formation de foyers métastatiques. Je n’admets nullement[1] que le pus sécrété dans une veine enflammée et transporté dans les organes, concoure directement par lui-même à cette espèce de génération purulente, ainsi que

  1. Cruveilhier, Anatomie pathologique générale