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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/103

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Au reste, il s’est efforcé de faire de l’ensemble des faits et des circonstances une exposition de la plus sévère exactitude, de façon à photographier, en quelque sorte, les situations politiques qu’il relate afin de mettre le lecteur en état de les apprécier sainement.

Nul besoin non plus de dire que ce qui précède n’est pas un panégyrique ; ce n’est pas même une appréciation complète de la vie publique de M. Chapleau. Il y aurait, de lui, beaucoup de bien à dire, mais hélas ! encore beaucoup plus de mal.

Nous n’avons, pour aujourd’hui, voulu que faire ressortir combien a été funeste au pays son action politique des dix dernières années.

Nous avons été sévère : il s’agissait de signaler, pendant qu’il en est temps encore, un mal qui bientôt sera sans remède.

Étant donné l’étal déplorable dans lequel nous a plongé M. Chapleau, il ne nous restait qu’une, chose à faire pour en sortir : Écrire, de ses actes politiques, une, critique impitoyable…

Eh bien ! C’est fait !

M. Chapleau est un homme des mieux doués sous le rapport de l’intelligence. Malheureusement, son entourage, les entrainement du siècle, des succès trop prompts et surtout trop faciles, la louange excessive, l’exagération outrée que l’on a faite de ses exploits politiques : tout cela a exercé sur lui une influence& des plus pernicieuses.

Trop tôt, hélas ! l’égoïsme avec ses funestes inspirations a pris chez lui la place du dévouement.

Le dévouement, sans bornes, l’esprit de sacrifice et de renoncement : telles sont pourtant, deux des vertus essentielles à l’homme d’état appelé au suprême commandement ! Pour lui comme pour le parti, les conséquences de ses nouveaux principes ont été désastreuses.

Qu’a-t-il été, en effet, pour le parti conservateur, depuis qu’il en a assumé la direction ?

Un général qui introduit les chefs ennemis dans la citadelle, livre ses places fortes à l’ennemi, ou les démolit !

Mitraille ses plus vaillants soldats, bannit de l’armée ses compagnons d’armes les plus dévouées, ruine l’autorité des vieux généraux !

Troque son drapeau contre la première guenille venue, fusille ses meilleurs officiers ou les dégrade, recrute son état major parmi les chefs ennemis !

Brocante, avec des agioteurs, les biens de la nation, leur livre la caisse publique, leur vend même pour de l’or la dernière ration du soldat !…

Et tout cela ! au nom de la discipline !…