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se trouve bien servi par la politique que son patriotisme désintéressé impose à la Province !

Heureux M. Chapleau !

En 1880, M. Chapleau fait incorporer la Compagnie du Crédit foncier franco-canadien. Il faut à cette compagnie un monopole exclusif de cinquante ans ; sans cela, elle ne viendra pas nous faire bénéficier de ses capitaux. Cela, c’est bien sûr ! Pour nous sauver de ce danger, M. Chapleau exerce une pression formidable sur son parti et l’odieux monopole est accordé. Grand acte de patriotisme sans doute !… lequel est suivi d’un dépôt en banque de $14,000.00 au nom de M. Chapleau, comme un faible témoignage de reconnaissance des juifs du crédit foncier !

Il sert son pays, qui l’en paie grassement. Mais en même temps il se trouve à faire la fortune du Syndicat-action du crédit foncier, qui l’en récompense au centuple. Ce n’est pas tout : les gens du crédit foncier lui allouent $2,000.00 annuellement, avec le titre de vice-président de leur société.

Heureux M. Chapleau !

Plein d’admiration pour le génie de Dansereau, et pour l’aider à faire la fortune de la province, il l’accrédite auprès du ministère, et Dansereau fait l’affaire des Tanneries. En reconnaissance, il paie à même les $50,000.00 de Midlemiss, certaines dettes de M. Chapleau. Ce dernier, innocent comme l’agneau de la fable, se voile la face, sous le coup de l’indignation, dès qu’on veut le soupçonner d’être complice de Dansereau ! Il répudie énergiquement la transaction et se retire blanc comme neige. Il a fait acte de patriotisme, servi Dansereau et Midlemiss, reçu sa petite part de bénéfices et garde une réputation au-dessus de tout soupçon.

Heureux M. Chapleau !

Dans l’intérêt de la province de Québec, il faut à tout prix obtenir du parlement fédéral la Charte d’un chemin de fer de Toronto à Québec. Toutes les influences québecquoises sont mises en réquisition pour obtenir cette charte patriotique en faveur de MM. Chapleau, Senécal et leurs amis. Comme toujours, leurs noms ne sont là que pour représenter l’intérêt public de la province.

Mais la charte obtenue, ils la vendent à une autre compagnie et empochent chacun leur part du prix !

Heureux M. Chapleau !

Il en est de même des compagnies du Tunnel, etc., et d’une foule d’autres :

Heureux ! Trois fois heureux M. Chapleau !

Il a accepté un titre de docteur en droit et une chaire de professeur de Laval. C’est une démarche contraire aux principes conservateurs, aux intérêts de son parti. « C’est presqu’une trahison des intérêts de la région de Montréal ! » lui disent ses amis, « Laval veut