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2° Quels sont les droits et les titres de chacun à notre confiance et à nos sympathies ? Qui sont restés fidèles aux principes de leur parti ? qui en a respecté les traditions, l’honneur, les intérêts ?

Si les bannis ne sont que des renégats et des traîtres, que la juste colère de M. Chapleau a balayés de sa présence, à la bonne heure ! Mais si c’est tout le contraire ?…

Si les victimes sont des hommes honorables, coupables du seul crime d’avoir défendu loyalement, énergiquement l’intérêt public ? Si leur honneur est sauf et leur drapeau sans tache !…


III


Bien plus, si par hasard, il était constaté que ces implacables exécuteurs des hautes œuvres de M. Senécal, ne sont, pour la plupart, qu’une bande d’individus plus ou moins tarés, plus ou moins compromis, dont cinq sur dix au moins sont l’objet du mépris, de l’exécration générale ?

Si, par hasard, il était avéré que plusieurs de ces arrogants expulseurs ont été convaincus publiquement, officiellement, de manœuvres sales : soit malversations, soit, dilapidation des deniers publics, soit spéculations archi-véreuses ?

Si, par hasard, il était admis de tous qu’une portion d’entre eux se compose de transfuges politiques, bien connus pour n’avoir, en fait de principes, rien de commun avec les conservateurs, professant, même et mettant en pratique des principes et des doctrines que le parti conservateur a pour principale mission de combattre… bien plus, s’il est indubitable que la destruction de ces principes délétères ou leur triomphe parmi nous est une question de vie ou de mort pour le parti conservateur… pour notre nationalité… pour notre foi ?…

S’il est de notoriété publique que ces transfuges, si nombreux dans nos rangs, devenus aujourd’hui nos maîtres, ne sont passés de notre côté que pour y recevoir le prix d’une trahison ou pour y suivre, à l’odeur, comme le chacal suit une charogne, les jobs illicites, les spéculations véreuses, les gains nés de la fraude et réalisés dans la corruption ?…

S’il était évident que certains écrivains, qui depuis quatre à cinq mois ont noirci de leur encre les réputations les plus intactes, ne sont que de vulgaires insulteurs soudoyés, des plumes vénales…

Si, par hasard, il en est ainsi, allons-nous permettre à de tels intrus, déjà si imprudemment installés chez nous et nous faisant la loi, de chasser de notre foyer les enfants de la famille et de faire maison nette ?…

Eh ! bien ! ! non ! ! !

D’un bout à l’autre de la province de Québec s’élève un demi million de voix conservatrices pour nous répondre : Non ! mille fois non ! ! !