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avec l’Intercolonial ? Des hommes politiques considérables, ayant une grande expérience dans ces matières, n’hésitent pas à porter ces profits à $60, 000.00 par an, dans un avenir assez rapproché. Vendre le chemin de fer avant que ce fait important fut officiellement connu, et sans donner aux capitalistes le temps de baser de nouvelles offres sur ce fait capital, a donc pu priver la Province d’un autre million d’augmentation dans le prix de la vente.


VIII


Troisième catégorie de faits importants qu’il était d’une importance majeure de faire connaître :

M. Senécal, agissant comme surintendant du chemin, par conséquent, comme représentant de la Province de Québec, avait stipulé des arrangements nous donnant, avec les chemins fer de l’Ouest, y compris le Pacifique, des raccordements nous permettant de recevoir de l’Ouest tant américain que canadien, pour le moins autant de traffic que pourrait en transporter notre ligne Provinciale, ce qui donnait à cette voie ferrée la plus grande valeur qu’elle pût acquérir pour le présent, et nous plaçait dans une position tout-à-fait indépendante du Pacifique.

Or, ces contrats, c’était évidemment la propriété de notre province. M. Senécal, employé public au service de la province, payé pour faire tous les actes d’administration favorables au chemin qu’il administrait, avait stipulé ces raccordements pour le chemin de fer du Nord ; il ne pouvait les avoir faits que pour le bénéfice de la province, vu qu’en les faisant, il avait agi en sa qualité officielle.

Pouvait-il avoir fait ces contrats à son bénéfice personnel ?

Evidemment non !

Ces raccordemonts, qui valaient des millions, étaient donc la propriété de la province ! Et cependant, ni le gouvernement, ni M. Senécal, ne font connaître ce fait important au public, lorsque, de la connaissance de ce fait, pouvait résulter pour la province un gain de plusieurs millions, par l’augmentation du prix qui en eut infailliblement résulté. N’est-il pas évident que l’existence de ces contrats de raccordements eussent dû être connus des acheteurs et du public ? N’eut-on pas dû, au moins, faire connaître qu’il existait des communications de notre chemin avec l’Ouest, indépendantes du monopole du Pacifique ? »

L’on s’en souvient : Le grand argument en faveur de la vente était celui-ci : « La province se trouve avec son chemin à la merci du Syndicat du Pacifique. Nous dépendons absolument, pour le succès de notre voie ferrée, du commerce de l’Ouest ! Sans un raccordement avec le Pacifique, nous sommes tout à fait privés de ce commerce. Le Pacifique, au lieu de déverser sur notre ligne tout le traffic