Aller au contenu

Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 76 —

Vous vous imaginez que son temps, ses travaux, ses calculs, ses statistiques qu’il faisait et faisait faire par les employés de la Province, appartenaient à la Province ?

Mais c’est une grave erreur ! lui et ses employés étaient payés pour combiner ses spéculations personnelles au dépens du domaine public !

Et malheur à ceux qui viennent les déranger dans leurs opérations !

Il est venu s’installer dans un bureau public pour se procurer tous les renseignements nécessaires à la réalisation de ses projets. Au nom de la Province et revêtu du prestige de l’autorité et du crédit que lui donne sa charge, il fait toutes les transactions nécessaires à la réalisation de ses plans, tel que « Les arrangements complets avec le Pacifique et les chemins de fer américains, » par exemple. C’est pour cela que la Province paie les dépenses de son bureau, les salaires de son personnel et lui donne, à lui, des honoraires de $6,000.00 à $8,000.00 par an !

Au moins, direz-vous, le bureau, les plans, les livres, les statistiques, tout cela était la propriété du public !

Mais non, encore une fois ! mais c’était pour l’usage personnel exclusif de M. Senécal ! puisque M. Beaubien en « allant souvent à ce bureau » en tirant de M. Senécal tous les renseignement possibles, en se faisant montrer les plans et les statistiques, a accompli « un chef d’œuvre de trahison ! ! ! »

La propriété publique, les contrats de la Province, sont si bien à M. Senécal, que lui seul a le droit de les connaître et de s’en servir pour bâtir ses soumissions. Celles de Allan, Rivard & Cie ont échoué, parce que ces messieurs ne connaissaient, pas : « les arrangements complets avec les chemins de fer de l’Ouest, y compris le Pacifique. »

M. Senécal a caché l’existence de ces contrats à M. Beaubien. Il a bien fait ! même M. Beaubien a eu tort de chercher à se renseigner.

M. Chapleau a caché l’existence de ces contrats aux Chambres et au public : Il a très-bien fait, puisqu’en le faisant il a protégé son ami Senécal et lui a assuré à prix modique notre chemin du Nord !…


XII


Eh bien ! voilà de l’audace, ou nous n’y entendons rien !

Voilà un employé public, s’appropriant, sans façon, les documents publics, refusant de les faire connaître aux députés, s’en servant seul pour s’emparer effrontément de la plus importante propriété de la Province… Il vient ensuite effrontément accuser de dol, de fraude, de trahison un député qui veut se renseigner ; se vante de lui avoir caché l’existence des documents publics et, par là, d’avoir réussi à s’emparer d’une partie du domaine public constituant le principal élément de notre fortune nationale ! ! !