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Et en face de tels exploits, la presse de la Province, à la presqu’unanimité, applaudit et admire !…

Et une majorité de nos députés et conseillers approuve, et sanctionne tout !

Et le premier ministre et tout le gouvernement intriguent, menacent, plaident, crient, pérorent pour faire trouver cela beau et bon !

Et c’est par la force du parti conservateur ! c’est au moyen de la discipline du parti, que l’on réussit à faire triompher de telles infamies !…

Et ceux qui ont eu le courage de s’y opposer ont été insultés, conspués, vilipendés, calomniés, chassés des rangs du parti conservateur !…

Et tous les spéculateurs éhontés qui ont fait ce coup triomphent, se réjouissent, font bombance, jouissent paisiblement de leur butin !…

Et nous tous, conservateurs, citoyens intègres et indépendants des coteries politiques, nous allons sanctionner tout cela par notre silence ?…

Eh ! bien non !

Résumons, en deux mots, les vices dont est entachée cette vente :

1° Elle est faite en violation de la promesse du premier ministre et en contradiction avec les conditions qu’il devait imposer.

2° Elle est faite avec une précipitation scandaleuse et d’une manière tout-à-fait suspecte ; lorsque tout enchérissait et que la Province avait tout à gagner par une sage lenteur.

3° Elle rapporte un million de moins que le prix auquel seul le premier se disait autorisé à vendre.

4° Elle est suspecte de favoritisme, vu qu’elle est faite à un homme connu pour ses corruptions, ses fraudes en faveur du premier, et ses liaisons louches avec lui.

5° Elle a été conçue et exécutée dans la corruption et les intrigues, l’organe de Senécal admettant implicitement que son maître a dépensé $75, 000.00 pour y arriver, on cherchant à justifier la commission d’une égale somme qu’il exigeait de ceux qui voulaient être ses associés.

6° On l’impose à la Province, lorsque d’autres acheteurs étaient prêts à payer un prix beaucoup supérieur.

7° Elle est faite sans les formalités d’usage pour obtenir le plus haut prix ; au contraire, les enchérisseurs sont maltraités, découragés, etc.

8° On a caché aux acheteurs des faits essentiels et dont la connaissance exacte eut pu les induire à payer plusieurs millions de plus, ou, du moins, eut induit la Province à ne pas vendre.

9° Aucune raison d’État ou d’intérêt de la Province n’exigeait de presser cette vente ; au contraire, il y avait des raisons péremptoires de retarder surtout la vente de la Section-Est.