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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/81

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IV


La deuxième pierre d’achoppement, ce fut sa haine des ultramontains. Il ne voulut pas comprendre que le Concile du Vatican, en pulvérisant les erreurs gallicanes et libérales, donnait raison aux ultramontains et qu’il n’y avait plus, pour les catholiques, aucun prétexte de se diviser ; que, être catholique et être ultramontain c’était désormais une seule et même chose. Il continua donc à haïr les ultramontains et à répudier leurs doctrines.

Suivre cette pente, cela flattait en outre son amour-propre. Il avait l’habitude de se réclamer de l’école de Cartier. Or, avoir épousé les haines de Cartier, ça le posait, il le croyait du moins, aux yeux des plus ardents du parti conservateur.

Il se trouve ainsi, sans trop le savoir peut-être, tant il est peu instruit sur toutes ces matières, en hostilité formelle avec l’enseignement catholique.


V


Combien de fois ne s’est pas traduite, sous une forme ou sous une autre, cette hostilité de M. Chapleau, non-seulement contre les laïques ultramontains, mais encore contre les ordres religieux !

Ses intimes vont jusqu’à dire, à sa louange, que durant son voyage de l’an dernier, en France, non seulement il a soigneusement évité toute relation avec le parti catholique, mais qu’il a consacré la plus notable partie de son temps, à courtiser ce qu’il y a de plus avancé dans le parti des crocheteurs de portes, des violateurs de cloîtres, des profanateurs d’églises, des persécuteurs de religieuses et des briseurs de crucifix.

Quel déshonneur pour nous : l’objet de ses courbettes les plus assidues a été l’ignoble Gambetta, le méprisable dictateur qui ruinait sa patrie durant la guerre franco-Prussienne ! le fils sans cœur qui, dernièrement, faisait souiller, par la gente immonde de ses compères libres-penseurs francs-maçons, les cendres de sa pauvre mère ! ! !

Jusque-là, Dieu merci ! le nom de Gambetta avait été en exécration d’un bout à l’autre du Canada. Ce nom, il résumait pour nous ce qu’il peut y avoir de plus méprisable. Mais dès que M. Chapleau eut réussi à se faire admettre dans les rangs de ses adulateurs, on a vu, dans notre presse dégénérée, une quasi réhabilitation de ce monstre.

« Sans doute, disaient quelques feuilles sans vergogne, M. Gambetta a des opinions regrettables en matière de religion, mais cela ne l’empêche pas d’être l’homme le plus considérable de la France. » Et Il fallait encenser M. Gambetta, de qui M. Chapleau faisait anticiper des faveurs plus que royales pour le Canada.