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Page:Castor - Le pays, le parti et le grand homme, 1882.djvu/83

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— Tu ne crois donc pas à toutes ces sornettes que tu débites à la louange du clergé et qui te font accepter comme un petit saint !

— Bah ! dès que ç’a donne le pouvoir !

— Mais puisque, nous sommes de même sentiment, pourquoi ne pas faire alliance, afin de mettre le clergé à sa place !

— Λh ! ce sont ces maudits programmistes, qui nous embêtent ! Faire alliance avec vous autres, ce serait chose facile. Avec les ultramontains, jamais ! ”

Ne l’oublions pas, dans sa bouche les paroles de paix et de modération, cette conciliation tant prônée, cela signifie : guerre ! et guerre à mort aux ultramontains ! c’est-à-dire à plus des deux tiers du parti conservateur ! c’est-à-dire à tout le parti conservateur catholique ! Alliance entre les conservateurs aveugles ou sans principes et les libéraux ! À cette alliance hybride, abandon sans partage des dépouilles opimes du parti conservateur, de la caisse publique, des jobs, du patronage ! et avec cela, bombance et joyeuse vie !


IX


M. Chapleau décida donc de travailler à réaliser l’unité dans le libéralisme.

Dés lors, on le vit, dans son fameux discours de St-Lin, offrir l’olivier de la paix à M. Laurier. À cette époque, comme toujours depuis, il s’est proclamé « le plus libéral des conservateurs ». Il a eu bien soin de toujours faire accoler, au nom du parti, l’épithète de libéral. Et malgré l’antithèse révoltante que présente l’appellation de libéral-conservateur, il n’a jamais voulu y renoncer. Durant toute sa carrière politique, on l’a vu constamment occupé à ruiner tout ce qu’il y avait de conservateur dans nos institutions. Le double mandat, la qualification foncière, le conseil législatif : tout a passé sous son marteau de démolisseur. En matière d’éducation, il est, comme nous l’avons dit, le plus fervent adepte de la laïcisation et travaille sans relâche à la réalisation du fameux programme maçonnique du frère Macé, dont cependant il ne connaît peut-être pas l’origine.

En 1872-73, il combattait avec énergie le projet de confier aux Frères de St-Vincent de Paul notre école de réforme.

Tout le monde se rappelle sa fameuse exclamation, lorsqu’il se vit battu sur ce sujet : il fit comme Socrate qui, en mourant, offrait en sacrifice un coq à Esculape. Lui, sacrifie, en parlant sur le ton du coq, l’une des immunités de l’Église au dieu État : « Au moins, M. l’orateur, s’écrie-t-il, si le gouvernement persiste à vouloir confier nos enfants à ces étrangers, j’espère qu’il ne le fera pas avant d’avoir vu à ce que ces religieux ne reçoivent aucun pouvoir que lorsqu’ils se seront fait naturaliser sujets britanniques ! »

Ces étrangers ! son gouvernement les poursuivait plus tard dans