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Naturellement, « c’est dans l’intérêt public que MM. Chapleau et Mousseau ont occasionné au public cette perte, de $16 000.00, à la bonne heure ! mais pourront-ils le démontrer ? Ils n’oseront pas même le prétendre.

Or, nous les défions de démontrer que du 20 juin au 20 juillet il ait surgi, de notre politique, des raisons d’état qui aient rendu nécessaire dans l’intérêt public, qui aient même suggéré ce changement ! Remarquons le bien : ce changement n’a pas été l’un de ces événements politiques inattendus que l’on n’avait pu prévoir avant le 20 juin, puisque avant cette date, il était connu que M. Chapleau allait à Ottawa. Il l’avait même déclaré lui-même solennellement. Pourquoi alors ne se faisait-il pas élire de suite aux élections générales ?

Pour nous, jugeant d’après les probabilités les plus raisonnables et les antécédents de M. Chapleau, nous n’hésitons pas à assigner à ce changement la raison suivante et nulle autre :

M. Chapleau voulait aller à Ottawa… Mais il est prudent ! Se croyant assuré de cinq ans de pouvoir à Québec avec les plantureux émoluments qu’il avait su s’y faire, il s’est dit qu’il ne fallait pas abandonner le poste de Premier de Québec avant qu’une solide victoire fédérale ne fût venue lui garantir la possession de son portefeuille à Ottawa pour au moins cinq ans. Autrement, il risquait de se trouver avoir troqué son portefeuille de Premier à Québec avec la dure banquette de l’un des chefs de l’opposition à Ottawa.

M. Chapleau trouva donc tout naturel d’imposer au public la dépense de $16000.00, plutôt que de s’exposer à cet inconvénient. Toujours le même : Tous les risques pour le pays ou pour les autres ! Toutes les chances pour lui-même !

Certes ! Ce ne sera pas nous qui prétendrons qu’en cela, M. Chapleau ait violé la règle invariable de ses actions, ni encore moins rompu avec ses antécédents politiques.


II


Voulons-nous, d’un seul coup-d’œil, juger de sa fidélité constante à sacrifier le bien public au profit de son intérêt personnel ? Nous n’avons qu’à énumérer brièvement les bouleversements et les anomalies politiques auxquels ont donné lieu, depuis quatre ans, les manœuvres et les intrigues qu’il a employées pour servir les intérêts de son ambition :

1° M. de Boucherville dépouillé de son autorité comme chef.

2° Les conservateurs de la région de Québec exclus du gouvernement.

3° Angers exclu de l’administration locale.

4° Angers élagué définitivement de la politique.

5° L’esprit de la constitution violé : la nationalité canadienne-