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ÉPILOGUE.


I


Puisque M. Chapleau devait entrer dans le gouvernement fédéral vers la fin de juillet dernier, savoir moins d’un mois après les élections, pourquoi n’a-t-il pas fait faire, ce remaniement quelques semaines auparavant, afin de permettre à l’électorat de l’apprécier ?

La Province de Québec a donné un solennel témoignage de confiance au gouvernement fédéral, le 20 juin 1882. Et voilà que, dès un mois après, le gouvernement tel que constitué le 20 juin, n’existe plus ; voilà qu’un tiers de ceux qui représentaient l’élément français est disparu, pour être remplacé par une représentation d’un tout autre caractère.

Or, vu les idées du nouveau venu, ses antécédents, le rôle prépondérant qu’il entend jouer à Ottawa ; vu la politique spéciale qu’il entend y poursuivre, qui peut dire que notre province l’accepte ?

Nous voici donc, au lendemain des élections générales, déjà replongés dans l’incertitude de savoir si le nouveau ministre possède la confiance de sa province.

Voilà pour le côté de haute politique constitutionnelle.

Et au point de vue de la paix et de l’économie, que vaut le dernier remaniement ?

Sortant à peine des élections, il faut en recommencer quatre : 1° celle de M. Chapleau ; 2° celle de son remplaçant au local ; 3° celle de M. Mousseau ; 4° celle de son remplaçant au fédéral. De suite une dépense d’au moins $2000.00 prise sur le trésor public.

Maintenant, supposé qu’à chacune de ces élections il se soit donné une moyenne de deux mille cinq cents voix par comtés : voilà, un déplacement de dix mille électeurs. Or, le minimum de dépenses, par perte de temps, voyages ou autrement, occasionnés au public, est bien d’au moins une piastre par chaque électeur.

Voilà donc une perte nette de dix mille piastres faite par les électeurs, laquelle, jointe aux $2000.00 sorties du trésor public et à une somme de $1000.00 au moins, dépensée par chacun des candidats et ses amis, forment une perte totale de $16000.00, sans compter les mille et une misères de toutes sortes qui surgissent d’une élection et qui, chacun le sait, sont la source de maux incalculables.