Page:Catéchisme du XIXe siècle.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs compatriotes mettre chapeau bas devant M. le curé, et par l’espoir des avantages pécuniaires qu’ils pourront retirer de l’élévation de leurs enfants. Ces personnes-là ne sont pas excusables d’environner d’estime, par leur extérieur, un objet qu’elles détestent intérieurement. Quant à l’ensemble de la classe pauvre, où l’instruction n’a pu se frayer un chemin, si elle péche en envoyant ses enfants au séminaire, elle ne péche que de la largeur de sa langue. Cette classe paraît condamnée à gémir encore long-temps sous l’esclavage des prêtres. Un grand nombre de ceux qui la composent mourraient joyeusement pour défendre les autels comme ont fait les martyrs dans les siècles d’ignorance. C’est cette classe que nous voyons seule, isolée, et bâillant dans les églises.

D. D’où vient que l’instruction libérale, qui a obtenu tant de succès en France, n’a pas encore pénétré dans la classe pauvre ? Est-ce que les pauvres ne méritent pas comme les riches de participer aux bienfaits des lumières du siècle ?

R. Les prêtres ne sont pas des gens à abandonner leur proie facilement. Pleins de rage de ce qu’on leur a enlevé l’éducation d’une partie des enfants de la France, ils ne laisseront pas échapper de leurs griffes ces jeunes malheureux qu’on n’a pu encore délivrer. Ils se parent de raisons si douces, si humaines, soit auprès du Gouvernement, soit auprès des autorités locales, qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent. Ils confient l’instruction de la classe pauvre à quinze mille mandataires qu’ils désignent sous le nom de frères ignorantins et de sœurs de charité, mandataires entretenus aux frais du Gouvernement et des autorités locales. Agens chéris des prêtres, ces frères