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Page:Catéchisme du saint concile de Trente, 1905.djvu/581

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ceux qui ne peuvent se déterminer à pardonner à leurs ennemis, que la haine n’est pas seulement un péché grave, mais encore un péché qui tire de sa durée même une gravité sans cesse croissante. Car celui qui a le malheur de nourrir cette passion dans son âme, a soif en quelque sorte du sang de son ennemi. Il passera, en vue de sa vengeance, ses jours et ses nuits à rouler dans son esprit quelque projet mauvais, toujours occupé de, pensées de meurtre et de choses détestables. C’est pourquoi il devient impossible, ou du moins très difficile de l’amener à pardonner, en tout ou en partie, les injures qu’il a reçues. Aussi on a comparé très justement la haine à une plaie dans laquelle le trait reste enfoncé.

Il est encore beaucoup d’autres inconvénients et de péchés dont la haine devient pour ainsi dire le lien et le centre. C’est ce qui a fait dire à Saint Jean: « Celui qui hait son frère est dans les ténèbres, et il marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres l’ont aveuglé. »[1] Par conséquent, il est condamné à des chutes fréquentes ; car comment approuver les paroles ou les actes de quelqu’un qu’on déteste ? De là des jugements téméraires et injustes, des colères, des jalousies, des médisances et autres péchés semblables, qui n’épargnent pas même — cela ne se voit que trop souvent — ceux qui sont unis par les liens du sang ou de l’amitié. C’est ainsi qu’un seul péché en engendre beaucoup d’autres.

Et certes, ce n’est pas sans motif que ce péché de la haine est appelé péché diabolique, puisque « le diable est homicide dès le commencement »[2] Voilà pourquoi notre Seigneur Jésus-

  1. 1 Joan., 2, 11.
  2. Joan., 8, 44.