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Page:Catalogue raisonné du Musée d’Archéologie et de Céramique.djvu/441

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prodige d’une habile éducation. Les singes apprivoisés grimpent avec l’agilité propre à leur race sur la cime des rochers et jettent le feuillage aux Chinois, qui le ramassent dans des paniers On leur donne pour récompense de leurs services, qui ne sont pas désintéressés, des fruits qu’ils reçoivent et mangent avec une avide satisfaction. L’abbé Grosier, 1.11, p. 388, raconte une autre version : Ces rochers impraticables sont habités par une grande quantité de singes ; les Chinois les agacent, ils irritent ces animaux qui, pour se venger, brisent les branches et les font pleuvoir sur ceux qui les insultent. Les Chinois rassemblent aussitôt les branches et les dépouillent de leurs feuilles. Cette histoire vaut l’autre. On se contentera de faire observer qu’il n’y a pas de singes dans le Fokien.

9. — Le merveilleux devient de plus en plus fort : Ce n’est pas seulement à la nature, aux rayons du soleil, au sol particulier et au crû que la feuille du thé doit cet arôme spécial qui fait sa réputation. Il faudrait encore autre chose, et l’indiscrétion chinoise va nous révéler un procédé qu’on aurait peine i croire si on avait des’ doutes sur la véracité du peintre qui va le retracer. Le dessin met en scène une grande chasse. Des chevaux sauvages, tachetés comme des léopards, s’élancent en troupes dans les défilés des montagnes A thé, poussés en avant par les clameurs de cavaliers montés sur des chevaux ordinaires. A l’issue du défilé, des Chinois apostés attendent ces chevaux sauvages, et avec des coutelas fixés au bout de longs manches de piques, ils les percent et les éventrent. Leur sang ruisselle ; mais leurs entrailles renferment cet arôme si fin qui doit donner au thé sa délicatesse. Le massacre se poursuit ; les chevaux sauvages payent successivement de leur vie le trésor qu’ils renferment, qu’on leur arrache et dont on parfume, sur-le-champ et tout chaud, le feuillage qu’on a récolté.

Ce n’est que trop exact, il est vrai, que les thés renferment souvent des substances étrangères. Les sortes communes de thé noir ne sont pas pures. Le prétendu bohea est mélangé par une addition de Camélia Sesanqua, ou d’olivier odorant (olea fragrans), de jasmin (nyctanlhes sambac), d’anis étoilé (ilicium amasitum), ou autres plantes ba sauiiques ; les thés verts reçoivent souvent leur coloration avec du bleu de Prusse et du chromale de plomb, mais ces associations frauduleuses sont purement végétales ou minérales, et jusqu’ici rien D’a fait connattre l’addition au thé d’un parfum tiré du règne animal. Le peintre chinois a-t-il voulu faire croire au mélange mystérieux de quelque espèce de musc ? C’est dans le nord de la Tartarie et au Thibel que vit, dans les lieux les plus escarpés d«s plus hautes montagnes, l’animal qui porte le musc, contenu dans une