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A côté de cette figure, les Gnostiques ont gravé le nom d’Iocto. Il importe de rechercher sa signification.

Ce mot, par sa forme, n’appartient pas à la langue grecque dans laquelle il est écrit ; et bien que l’oracle d’Apollon de Claros (Macrob., ibid., c. 18) ait cherché son explication dans les allégories de la mythologie nationale qui identifiait tous les dieux de l’Olympe avec le soleil, il faut recourir aux mythes de l’Orient. Diodore de Sicile écrit (1.1, ch. XC1V, § 2) que Moïse, législateur des Hébreux, disait avoir reçu d’laô les lois qu’il avait données à son peuple. Mais ce nom ne se trouve point ainsi dans le Pentaleuque. Toutefois, saint Jérôme (In psalm., VIII) fait connaître que le nom tétragrammalique de Dieu, chez lçs Hébreux, peut se lire Iaho. Bien’que rien ne soit moins certain que cette prononciation, il n’en est pas moins sôr par ce passage que, du temps de saint Jérôme, l’on pensait que le tétragramme ineffable pouvait se prononcer ainsi. C’était une opinion répandue. Eusèbe (Prœp. Evang., lib. IV, c. 29) entend par ce nom la suprême puissance de Dieu avec laquelle il conserve l’univers. Saint Épiphane (Adv. hæres.) dit en parlant des Gnostiques qu’ils placent la résidence d’Iaô dans le ciel supérieur, et que les Basilidiens donnent au mot d’Iaô la signification du très-saint nom de Dieu qu’ils adorent dans la figure du soleil. On voit comment ces hérétiques combinaient les traditions bibliques avec la religion païenne. Les Gnostiques ne devaient pas s’arrêter là. Ils donnèrent à laô un sens plus mystérieux encore et plus abstrus. Iaô résidant dans le soleil et s’incorporant avec lui symbolisait cet astre ; il devenait l’emblème de la lumière, non pas seulement de celle qui nous éclaire et dont nous sentons la chaleur, mais de la lumière éthérée qui remplit les espaces ; image de la lumière visible, il était donc aussi le symbole de la lumière invisible et même de la lumière intellectuelle qui éclaire tout homme à son berceau. On est maintenant sur la voie pour comprendre comment ce dieu égyptien Horus était devenu un emblème des Gnostiques. Us acceptaient sous la figure du dieu de la lumière l’image convenue d’une idée métaphysique qui ne pouvait être matériellement représentée. C’est certainement pousser jusqu’à «es dernières limites l’abus du symbolisme, mais c’est dans ces petitesses qu’ils conduisaient les grandes idées du christianisme. Quant à la lettre A gravée derrière la pierre, on peut l’expliquer par l’initiale du nom du possesseur. Si on veut recourir à l’astrologie, A est la voyelle affectée à la lune ; ce serait alors une invocation à cet astre. Si on désire lui chercher une autre signification, il faut recourir à saint Irénée (lib. I, cap. X), qui nous dit que, suivant les Basilidiens, chaque lettre présidait à une partie du corps : A à la tête, B au cou, etc.