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Page:Catherine-pozzi-agnes-1927.djvu/33

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Il me semble que j’entrevois faiblement une sorte de justification de l’orthodoxie : l’action de ma vie occupe tout l’espace où je pense, il faut un autre événement qu’elle, pour me délivrer d’elle. Le seul Dieu sans histoire n’y suffirait pas, car vous voyez qu’il vous ressemble, et n’est encore que mon désir. Je ne peux être tirée loin de moi que par un Dieu qui me gêne, que je n’aie pas inventé, que je ne puisse pas tout à fait comprendre, et dont les actes seront plus intéressants que les miens.

Il n’y a pas à sortir de là. Ou je prie le Dieu pur sans dogme et sans fait, qui n’étonne pas ma raison, que toute mon âme forme… mais il vous ressemble tant que vous prenez sa place.

Ou je prie le Dieu catholique, étrange, dont la personne est si compliquée que jamais je ne l’aurais dessinée seule. Sa passion, plus poignante que cette minute-ci, peut fasciner assez pour que je m’oublie… Mais il faut la chercher au delà des temps historiques, croire cent témoignages, et, par un acte de volonté aveugle, la préférer.