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Page:Catherine-pozzi-agnes-1927.djvu/38

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tion, elle me voit tomber la tête dans mes mains. Si elle pouvait entendre que je prie : « faites que vous soyez vrai ! »

Pourquoi ne serait-il pas vrai ?

Enfin les fidèles courbés se relèvent, fatigués d’avoir porté le ciel ; ils remuent et respirent. Ceux qui suivent l’ordinaire dans un paroissien lisent : « Vous avez eu pour agréables, mon DIEU, les sacrifices de l’ancienne loi : recevez avec bonté le nôtre, dont ceux-là n’étaient que la figure… »

Est-ce qu’il a « eu pour agréables », aussi, les dieux d’avant qui lui ressemblaient… qui tombaient de siècle en siècle comme des papillons de l’éternité, qui étaient pris dans la chair, qui délivraient d’un malheur dont la cause se perd dans la nuit, qui mouraient sans mourir afin que leurs croyants pussent mourir sans mourir ?

Mais le plus beau d’entre eux avait quelque chose d’excessif et de nocturne. Il n’était pas intime à l’amitié, facile à trouver où qu’on se trouvât, un dieu tout naturel au cœur et que l’on pense tout éveillé,