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Page:Catherine-pozzi-agnes-1927.djvu/37

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Ce n’était qu’une incidente, une insouciante parure d’érudition et de philosophie placée là comme en souriant, parce que mon père s’amuse à savoir aussi les autres sciences. Et cela effaçait si simplement Jésus…

Alors j’ai mis le livre sous ma tête, et j’ai pleuré.

Il y a quinze jours de cela ; je ne vous ai pas écrit, parce que je travaille à mourir. Je fais trois heures de latin et deux d’algèbre l’après-midi pour m’empêcher de réfléchir, et le matin je monte au manège.

Il n’y a que le dimanche de terrible : c’est le jour où je dis adieu à Jésus qui a déjà existé trop de fois. Comme les parents que l’on perd, auxquels on avait cessé pourtant de donner sa plus chère pensée, je m’aperçois que je l’adorais.

Je pénètre dans l’église avec grand’mère ; à demi je crois, à demi je ne crois plus. Mais il faut s’agenouiller comme les autres devant le SEIGNEUR. Agenouillée, je finis toujours par lui parler, et les regrets, les reproches, les dénégations que je lui adresse lui refont une espèce d’existence. Grand’mère est certainement attendrie de ma piété, quand, à l’instant de l’éléva-