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Page:Catherine-pozzi-agnes-1927.djvu/52

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sont des lunes : ils seraient pareils s’ils avaient le même compte de lunes ! à lunes égales, l’atome d’or est un atome de plomb.

Je touche ma bague : elle sera plomb. Cela se fera seulement en beaucoup plus de temps qu’il n’en faudra pour que je devienne terre.

Je serai terre.

Niels Bohr est le Galilée des atomes. Je ne voudrais pas qu’il m’entendît… Mais je n’ai pas acheté par assez de travail les mots dont il use.

Ô vous qui n’êtes pas là ! C’est ici que je suis. À qui parler ? Alice n’écoute plus. Qui se soucie d’un univers qui change, d’un univers étrange ? Le carbone, le phosphore, le fer, le chlore, l’oxygène, le potassium, le mercure, leur personne passe aussi…

Ils rayonnent l’être quand ils ne sommeillent pas… Sommeillent et s’éveillent, sommeillent et s’éveillent… Quand ils sommeillent, Bohr reprend son calcul.

Je suis faite de cela, des pieds au cerveau ; il n’y a rien d’autre en moi. Mais j’oblige mes éléments à prendre ma forme : comment ?