Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/104

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Saint, en sortant du péché, ils reçoivent la vie de la grâce. Mais si, comme des ignorants, ils me méconnaissent, s’ils sont ingrats envers moi comme à l’égard des fatigues endurées pour eux par mes serviteurs, tous les dons de ma miséricorde tournent contre eux en ruine et damnation. Cette conséquence n’est imputable ni à un défaut de la miséricorde, ni à celui qui implorait la miséricorde pour l’ingrat, mais seulement à la malice et à la dureté de celui qui, par la main de son libre arbitre, a ainsi fermé son cœur comme avec une pierre de diamant qui, si elle n’est pas attendrie par le sang, ne peut être entamée par rien d’autre. Encore je te le dis, nonobstant sa dureté, pendant qu’il en a le temps, il peut se servir de son libre arbitre pour implorer le sang de mon Fils ; que de cette même main, il l’applique sur la dureté de son cœur, pour la briser, et il recevra le fruit du sang qui a été versé pour lui. Mais, s’il remet sans cesse et laisse passer le temps, il n’y a plus pour lui aucun remède, parce qu’il ne m’a pas rapporté le trésor que je lui avais confié, quand je lui donnai la mémoire pour se souvenir de mes bienfaits, l’intelligence pour avoir et connaître la vérité et cette puissance d’affection pour m’aimer, Moi la Vérité éternelle. Voilà le don que je vous ai fait et qui doit faire retour à Moi le Père. S’il l’a vendu et engagé au démon, c’est au démon à lui donner en échange ce qu’il a acheté pour cette vie.

Il lui remplit donc la mémoire de pensées voluptueuses et de souvenirs déshonnêtes, d’orgueil, d’ava-