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CHAPITRE VII

(8)

Comment les vertus s’éprouvent et se fortifient par leurs contraires.

Je t’ai montré comment l’homme se rend utile au prochain, et comment par ce service il manifeste l’amour qu’il a pour moi. Je vais te dire maintenant que c’est par le prochain que l’homme expérimente qu’il possède en soi-même la vertu de patience, à l’occasion de l’injure qu’il reçoit de lui. C’est l’orgueilleux qui lui fait prendre conscience de sa propre humilité, comme l’incroyant, de sa foi, le désespéré, de son espérance, l’injuste, de sa justice, le cruel, de sa miséricorde, l’irascible, de sa mansuétude et bénignité. Toutes les vertus s’éprouvent et s’exercent par le prochain comme aussi c’est par lui que les pervers font voir toute leur malice. L’humilité, note le bien, est éprouvée par l’orgueil, parce que l’humilité triomphe de l’orgueil. Il n’est pas au pouvoir du superbe de causer du dommage à celui qui est humble pas plus que l’infidélité du méchant qui ne m’aime pas, qui n’espère pas en moi, ne se communique à celui qui m’est fidèle : elle n’entame pas la foi, ni l’espérance de celui qui l’a conçue en soi, pour l’amour de moi ; elle la fortifie même et l’éprouve par la dilection de l’amour qu’il témoigne au