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CHAPITRE III

(19)

Comment cette âme, de plus en plus embrasée d’amour, désirait la sueur de sang. Se réprimandant elle-même, elle faisait à Dieu une prière particulière pour son père spirituel.

Alors cette âme, comme en ivresse et hors d’elle-même, dans l’ardeur de plus en plus grande de son désir, se sentait tout à la fois bienheureuse et douloureuse. Bienheureuse elle était, par l’union qu’elle avait eue en Dieu, goûtant sa joie et sa bonté, et comme toute immergée dans sa miséricorde. Et douloureuse elle était aussi, en voyant offenser une si grande bonté, et elle rendait grâce à la divine Majesté, comme si elle comprenait que Dieu lui eût manifesté les misères des créatures, pour la contraindre à élever plus haut son zèle et à dilater son désir. Elle sentait son affection se renouveler au sein de la Déité éternelle, et si vif devenait ce feu sacré de l’amour qu’elle désirait voir changer en sueur de sang, la sueur d’eau qu’elle répandait sous la violence que l’âme faisait subir à son corps. Car plus étroite était cette union que l’âme avait contractée avec Dieu que l’union qui existe entre l’âme et le corps ; aussi l’ardeur d’amour qu’éprouvait cette âme et la violence qu’elle lui faisait subir mettait-elle le corps en sueur. Mais l’âme méprisait