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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/204

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mauvaises, et ils tiennent pour honnête une vie déréglée.

O aveuglement humain ! O homme, comme tu as peu d’égard à ta dignité ! Tu étais si grand, et tu t’es fait si petit ! De seigneur que tu étais, tu t’es fait esclave, et esclave de la plus vile domination qui se puisse rencontrer, puisque tu t’es fait serviteur et esclave du péché, et que tu es devenu semblable à cette chose même, à qui tu rends tous les services. Le péché n’est pas même une vétille ; tu es donc devenu beaucoup moins qu’une vétille ! Tu t’es ôté la vie et donné la mort !

Cette vie et cette souveraineté vous furent données par le Verbe, mon Fils unique, le pont de gloire. Vous étiez esclaves du démon et il vous a délivrés de cette servitude. Il s’est fait lui-même esclave, pour vous libérer de l’esclavage ; il s’est imposé l’obéissance, pour détruire la désobéissance d’Adam ; il s’est humilié lui-même jusqu’à la mort ignominieuse de la croix pour confondre la superbe. Par sa mort, il a expié, détruit tous les vices sans exception, afin que nul ne pût dire : il est tel péché qui n’a pas été puni, qui n’a pas été frappé par le châtiment ! Car je te l’ai déjà dit, j’ai fait de son corps une enclume.

Tous les secours ont été donnés aux hommes pour échapper à la mort éternelle, et ils ont méprisé le Sang, ils l’ont foulé aux pieds d’un amour déréglé ! Voilà l’injustice, voilà le faux jugement, dont est repris le monde, et dont il sera convaincu au dernier jour du jugement. C’est ce que voulut