Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/235

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au religieux. Il tente autrement les prélats, autrement les seigneurs laïcs, se conformant ainsi à l’état de chacun.

Je t’ai déjà parlé de ceux qui se noient, en passant par le fleuve, qui n’ont de pensée que pour eux, qui n’aiment qu’eux, en m’offensant ainsi moi-même. Ceux-là, je te conterai quelle fin est la leur. Je veux, pour le moment, te montrer comment, en voulant fuir les peines, ils tombent en de plus grandes. Il leur semblait qu’il est bien dur de me suivre, c’est-à-dire de passer par le chemin du pont, par la voie du Verbe mon Fils, et ils se rejettent en arrière, effrayés de quelques épines. Là est leur aveuglement. Ils ne voient pas, ils ne connaissent pas la vérité que je t’ai révélée au commencement de ta vie, quand tu me priais de faire miséricorde au monde, en le retirant des ténèbres du péché mortel.

Tu sais qu’alors je me montrai à toi sous la figure d’un arbre, dont tu ne voyais ni la racine ni la cime. De lui tu apercevais seulement que sa racine était unie à la terre : c’était la nature divine unie à la terre de votre humanité.

Le pied de l’arbre, s’il t’en souvient, était entouré d’une haie d’épines, dont ils s’écartaient tous ceux qui aiment leur propre sensualité, pour courir à un monceau de balle, qui représentait tous les plasirs du monde. Cette balle avait les apparences d’un grain, mais elle était vide, et pour cela, comme tu l’as vu, beaucoup d’âmes y mouraient de faim. Plusieurs, averties par là même des tromperies du