Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/257

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obtenir la vie éternelle. Ce sont les deux pieds à la fois qu’il faut mettre sur le premier degré du pont, c’est-à-dire l’affection et le désir : voilà les pieds qui portent l’âme à l’amour de ma Vérité dont je vous ai fait un pont. Nous sommes ici au premier degré ; je t’ai expliqué comment il convenait de le gravir, quand je t’exposai que mon Fils avait fait de son corps comme une échelle.

Il est bien vrai que, communément et en règle générale, c’est par la crainte du châtiment que les serviteurs du monde commencent de se sonvertir. Les tribulations de cette vie font souvent qu’ils deviennent à charge à eux-mêmes, et ils commencent ainsi à se détacher du monde. S’ils soumettent cette crainte à la lumière de la foi, elle les conduira à l’amour de la vertu. Mais il en est qui avancent avec tant de tiédeur, que maintes fois, à peine arrivés à la rive, ils se rejettent dans le fleuve. Viennent alors à souffler des vents contraires, ils sont à nouveau roulés par les flots, ballotés par les tempêtes de cette vie ténébreuse.

Est-ce un souffle de prospérité qui passe avant que, par leur négligence, ils n’aient gravi le premier degré, avec le sentiment de l’amour et de la vertu, les voilà qui regardent en arrière, les voilà repris par l’amour désordonné des plaisirs du monde ! Mais c’est le vent de l’adversité qui souffle : c’est leur impatience alors qui les détourne de la rive. C’est que, ce n’est pas vraiment la faute qu’ils ont commise, ce n’est pas l’offense qu’ils m’ont faite qu’ils détestent et qu’ils veulent éviter. Ce qui les