Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/259

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Pour toutes ces causes et pour d’autres encore, ils tournent donc la tête en arrière, ils manquent donc de constance, ils ne persévèrent pas. Et tout cela vient de ce que la racine de l’amour-propre n’a pas été complètement arrachée en eux. Voilà ce qui brise leur persévérance. C’est avec grande présomption qu’ils s’en remettent à ma miséricorde. Ils prennent confiance en elle, mais cette confiance n’est pas ce qu’elle doit être. Il n’y a qu’une espérance ignorante et présomptueuse en cette miséricorde, qu’ils continuent d’offenser sans cesse. Je n’ai jamais donné, je ne donne pas ma miséricorde, pour qu’on se serve d’elle pour m’outrager, mais afin qu’on puisse par son secours, se défendre contre la malice du démon et contre la confusion désordonnée de l’esprit. Mais eux, c’est tout le contraire qu’ils font. Cette miséricorde qui leur est offerte, ils la retournent contre moi pour m’offenser. Et cela vient de ce qu’ils n’ont pas poussé plus loin cette première démarche qu’ils ont faite, pour se retire de la misère du péché mortel, par crainte du châtiment et sous l’aiguillon des nombreuses tribulations qui les assaillaient. Pour s’en être tenus là, ils ne sont pas parvenus à l’amour de la vertu, ils n’ont point persévéré. L’âme ne peut s’arrêter ainsi : si elle ne va pas de l’avant, elle retourne en arrière. Ainsi de ceux-là. Ils n’ont pas poursuivi plus avant dans la vertu pour dépasser l’imperfection de la crainte et aller jusqu’à l’amour : ils ne pouvaient manquer de revenir en arrière.