Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/263

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éteint en elle la lumière de la foi. On ne perd pas l’une sans perdre l’autre. J’ai créé l’âme à mon image et ressemblance, par le fait que je lui ai donné la mémoire, l’intelligence, la volonté. L’intelligence est la plus noble partie de l’âme. L’intelligence est mue par l’affection, mais l’affection est nourrie par l’intelligence, et la main de l’amour, je veux dire l’affection, remplit à son tour la mémoire du souvenir de Moi et de mes bienfaits. Ce souvenir tient l’intelligence attentive et la préserve de négligence ; elle la rend reconnaissante, en la gardant de l’ingratitude. C’est ainsi que ces deux puissances se prêtent un mutuel appui pour nourrir l’âme dans la vie de la grâce.

L’âme ne peut vivre sans amour, il lui faut toujours quelque chose à aimer : car c’est d’amour qu’elle est faite, et c’est par amour que je la créai. C’est pourquoi je t’a dit que la volonté donne le branle à l’intelligence. "Je veux aimer, semble-t-elle lui dire, parce que ma nourriture à moi, c’est l’amour". Ainsi réveillée par la puissance affective, l’intelligence se met à l’œuvre : "Tu veux aimer ! semble-t-elle répondre, je vais te donner un bien que tu puisses aimer !" Et sans plus tarder, elle s’applique à considérer la dignité de l’âme, et la bassesse où elle est tombée par sa faute. Dans la dignité de son être, elle goûte mon inappréciable Bonté, la Charité incréée avec laquelle je la créai, pendant que la vue de sa misère la remplit de la pensée de ma miséricorde. N’est-ce pas ma miséricorde,