Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XXIV

(54)

Quel moyen doit prendre généralement toute créature raisonnable pour pouvoir sortir des flots du monde, et passer par le pont.

Je veux maintenant te ramener aux trois gradins par lesquels il vous faut passer, si vous désirez sortir du fleuve sans vous y noyer, et atteindre l’eau vive que vous êtes invités à boire, et si vous voulez pareillement que je sois au milieu de vous, c’est-à-dire que, par ma grâce, je fais en vos âmes ma demeure.

Tout d’abord, si vous voulez effectuer le passage, la première condition, c’est d’avoir soif. Car ceux-là seuls qui ont soif sont invités : Qui a soif, est-il dit, qu’il vienne et qu’il boive. Celui donc qui n’a pas soif, ne saurait persévérer dans son voyage, la moindre fatigue l’arrête, ou le moindre plaisir le distrait. Il ne se soucie point de porter jusqu’au terme le vase nécessaire, ni de se tenir en la compagnie qu’il lui faut. Il ne peut cependant voyager seul ; la persécution l’épouvante et dès qu’elle l’effleure, le voilà qui tourne le dos. Il a peur, parce qu’il est seul. S’il était accompagné, il aurait