Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en mon nom, sans la réunion des trois puissances de l’âme, mémoire, intelligence, volonté. La mémoire doit conserver mes bienfaits et le souvenir de ma Bonté en elle-même. L’intelligence doit fixer son regard sur l’amour ineffable que je vous ai montré, dans mon Fils unique. C’est lui que j’ai proposé comme objet à l’œil de votre intelligence pour qu’il contemple en lui le foyer de ma Charité. La volonté doit se réunir à la mémoire et à l’intelligence pour m’aimer et me désirer, Moi qui suis sa fin. Lorsque ces trois vertus et puissances de l’âme sont assemblées, je suis au milieu d’elles. Et parce qu’alors l’homme est rempli de ma charité et de l’amour du prochain, il se trouve par là même accompagné de nombreuses et réelles vertus. C’est dans cet état que l’âme est disposée à avoir soif : elle a soif de la vertu, soif de mon honneur, soif du salut des âmes ; toute autre soif est éteinte et morte en elle. Elle marche en sécurité, sans aucune crainte servile, après avoir franchi le premier degré de l’affection, parce que son affection, dépouillée de l’amour-propre, s’est élevée au-dessus d’elle-même et des choses périssables, ne les aimant et ne les conservant, si elle les conserve, que pour moi et non en dehors de moi, c’est-à-dire avec une crainte véritablement sainte, avec l’amour de la vertu.

Elle se dispose ainsi à franchir le second degré, où, par la lumière de l’intelligence, elle contemple l’amour profond que je vous ai manifesté dans le Christ crucifié. C’est là qu’elle trouve la paix et le