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CHAPITRE XXX

(60)

De l’imperfection de ceux qui aiment et servent Dieu pour leur propre utilité et leur consolation.

Parmi ceux qui sont devenus mes serviteurs de confiance, il en est qui me servent avec foi, sans crainte servile : ce n’est pas la seule peur du châtiment, c’est l’amour qui les attache à mon service. Mais cet amour ne laisse pas que d’être imparfait, parce que, ce qu’ils cherchent dans ce service, c’est leur propre utilité, c’est leur satisfaction ou le plaisir qu’ils trouvent en Moi. La même imperfection se rencontre aussi dans l’amour qu’ils ont pur leur prochain. Et sais-tu ce qui démontre l’imperfection de leur amour ? Dès qu’ils sont privés des consolations qu’ils trouvaient en Moi, cet amour ne leur suffit plus, et ne peut plus se soutenir. Il languit et souvent va se refroidissant de plus en plus vis-à-vis de Moi, quand, pour les exercer dans la vertu et les arracher à leur imperfection, je leur retire ces consolations spirituelles et leur envoie des luttes et des contrariétés. Je n’en agis ainsi cependant que pour les amener à la perfection, pour leur apprendre à se bien connaître, à prendre conscience qu’ils ne sont rien et que d’eux-mêmes ils