Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/288

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c’est pour leur donner la vie éternelle que je les créai à mon image et ressemblance, et que je les créa à nouveau dans le sang de mon propre Fils, en faisant d’eux mes fils adoptifs. Mais parce qu’ils sont imparfaits, c’est encore leur propre intérêt qu’ils cherchent dans mon service, et ils se relâchent pareillement de l’amour du prochain. Les premiers se sont découragés, par peur de la souffrance qu’ils avaient à endurer ; et ceux-ci, les seconds, s’attardent, ils se négligent dans le service du prochain, leur charité se replie sur elle-même, parce qu’il n’y trouvent plus leur propre satisfaction ni les consolations qu’ils étaient accoutumés d’en retirer. Cela vient de ce que leur amour n’est pas assez épuré. Ils aiment leur prochain avec la même imperfection qu’ils m’aiment moi-même : ils cherchent dans leur amour leur propre intérêt. S’ils ne reconnaissent par leur imperfection, avec le désir de devenir parfaits, il est impossible qu’ils ne retournent pas en arrière.

Il est donc nécessaire, pour quiconque veut la vie éternelle, d’aimer sans calcul. Ce n’est pas assez de fuir le péché par crainte du châtiment, ni d’embrasser la vertu pour l’intérêt personnel que l’on y trouve ; non, cela ne suffit pas pour obtenir la vie éternelle. Il faut sortir du péché parce qu’il me déplaît à Moi, et aimer la vertu pour l’amour de Moi.

Il est bien vrai que cette crainte est ordinairement le premier pas que tout pécheur fait vers Moi, parce que l’âme commence par être imparfaite avant d’être parfaite, mais elle doit sortir de