Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/338

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Par cette même Charité, je la rendais participante de la Sagesse de mon Fils. Par cette Sagesse, l’œil de son intelligence vit et connut ma Vérité, et les illusions de l’amour-propre spirituel, de l’amour imparfait des consolations personnelles. Elle connut la fourberie et la malice avec lesquelles le démon abuse l’âme qui est encore retenue dans les liens de cet amour imparfait, et elle sentit monter en elle la haine de cette imperfection avec l’amour de la perfection.

Cet amour, c’est le Saint-Esprit lui-même qui se répand dans sa volonté, lui communiquant sa Force, lui inspirant le désir de supporter la souffrance et de sortir de sa retraite, pour produire les bonnes œuvres envers le prochain. En réalité elle ne quitte pas la cellule de la connaissance d’elle-même ; elle fait seulement sortir d’elle les vertus qu’elle a conçues par sentiment d’amour, et elle les fait fructifier de diverses manières, quand les besoins du prochain le demandent. Elle n’a plus peur de perdre ses consolations spirituelles, comme je te l’ai dit plus haut. Une fois parvenue à l’amour parfait et libre, elle sort au dehors, rien ne la retient plus.

L’âme atteint ainsi le quatrième état, qui fait partie du troisième, qui est l’état parfait. Mais, dans ce troisième état, où elle goûte et enfante la charité dans son prochain, elle reçoit un état ultime de parfaite union avec moi. Ces deux états sont unis ensemble ; l’un ne va pas sans l’autre, car la charité envers moi n’est pas séparée de la charité envers le