Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/375

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tel que je suis dans mon essence : la volonté, comme enchaînée, ne peut s’unir à moi pour me goûter sans souffrance, comme je te l’ai l’ait comprendre. C’est donc bien avec raison que Paul se lamentait : " J’ai dans mon corps une loi en révolte contre la loi de mon esprit. "

Pareils sont mes serviteurs, ceux que je t’ai montrés parvenus au troisième et au quatrième état de l’union parfaite qu’ils ont contractée avec moi. Eux aussi, ils crient leur désir d’être délivrés de leur corps, et de sentir enfin leurs liens brisés.

Pour ces fidèles voués à mon service, la séparation du corps est sans angoisse, la mort sans amertume. Ils l’appellent de tout leur désir. Armés d’une sainte haine, c’est sans répit qu’ils ont mené rude guerre contre la chair, et ils ont perdu cette tendresse instinctive que l’âme éprouve pour son corps ; cet amour naturel ils l’ont vaincu par la haine de la vie corporelle, et leur amour pour moi leur fait demander à mourir : " Qui me délivrera, disent-ils, de ce corps de mort ? Je souhaite tant d’en être affranchi pour être avec le Christ ! " Avec l’Apôtre ils s’écrient : " Mourir est ma grande ambition ! c’est par patience que je consens à vivre. " Une fois élevée à cette parfaite union, l’âme n’a plus de désir que de me voir et de contempler ma gloire réalisée en toutes choses.