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Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/393

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CHAPITRE II

(89)

De la différence des larmes par rapport aux différents états d’âme.

Apprends donc que toute larme procède du cœur : car aucun organe du corps ne sympathise aussi parfaitement que l’œil avec les affections du cœur. Si le cœur souffre, l’œil le fait aussitôt paraître. Sa douleur est-elle sensuelle, le cœur fait verser aux yeux des larmes qui engendrent la mort, parce qu’en venant du cœur elles procèdent d’un amour déréglé, et qui par là même m’offense. La douleur qu’il occasionne est mortelle comme lui, et mortelles aussi les larmes qu’il fait verser.

La gravité de la faute, et par conséquent des larmes, peut être plus ou moins grande, il est vrai, suivant que l’amour est plus ou moins déréglé. Mais je n’entends parler ici que de ceux dont les larmes sont mortelles.

Considère maintenant les larmes qui commencent a donner la vie, les larmes de ceux qui, a la vue de leurs fautes et de leurs péchés, par crainte du châtiment, se mettent à pleurer. Ces larmes du cœur procèdent de la sensibilité. L’âme, n’ayant pas