Aller au contenu

Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le secours de ma grâce, quand ils étaient encore libres, nonobstant cette haine infinie.

Infinie, en effet, elle peut être, par la volonté et par l’être de l’âme, mais ici-bas, la haine ou l’amour qui sont dans l’âme, de soi, ne durent pas nécessairement toujours. Car, tant qu’on est en cette vie, on peut changer de haine ou d’amour, comme l’on veut. Mais si l’on meurt dans l’amour de la vertu, l’on reçoit un bonheur qui ne finira pas ; et si l’on meurt dans la haine, l’on demeure dans cette haine sans fin, en recevant l’éternelle damnation, comme je te l’ai exposé, en parlant de ceux qui se noient dans le fleuve. Désormais ils ne peuvent désirer le bien, privés qu’ils sont de ma miséricorde et de la charité fraternelle, que goûtent mes saints les uns avec les autres, comme aussi de la charité qui est en vous, pèlerins et voyageurs en cette vie, où je vous ai placés pour arriver à votre fin, c’est-à-dire à moi qui suis la Vie éternelle. Par conséquent, ni prières, ni aumônes, ni bonne action qui puissent leur être de quelque secours. Ils sont des membres retranchés du corps de ma divine charité, parce que, durant leur vie, ils n’ont pas voulu s’unir à l’obéissance de mes saints commandements dans le corps mystique de la sainte Église, sous cette douce autorité, qui vous distribue le Sang de l’Agneau immaculé, mon Fils unique. Ils reçoivent le fruit de l’éternelle damnation, avec les pleurs et les grincements de dents. Ce sont des martyrs du démon, qui leur donne la récompense qu’il a reçue lui-même.