Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/468

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déjà dit précédemment, si ceux qui se nourrissent à la table de la pénitence n’apportent pas dans leur mortification une véritable humilité, si leur pénitence, au lieu d’être simplement un instrument de vertu, est leur principal souci, maintes fois, par leurs murmures, ils nuiront à leur perfection. Ils doivent sortir de leur aveuglement. Il leur faut apprendre que la perfection ne consiste pas seulement dans les macérations, dans les mortifications corporelles, mais dans la destruction de la volonté propre, de la volonté perverse. C’est dans cette voie de l’abnégation et de la soumission de la volonté à ma douce volonté, que vous devez désirer et que je veux que tu désires voir marcher toutes les âmes. Voilà la doctrine, éclairée de cette glorieuse lumière, voilà la voie où l’âme, revêtue de ma Vérité, s’empresse à courir, emportée qu’elle est par l’amour.

Ce n’est pas que je méprise la pénitence. La pénitence est bonne pour mâter le corps, et l’empêcher de se révolter contre l’esprit. Mais je ne veux pas, très chère Fille, que tu en fasses une règle pour chacun, car le corps n’est pas chez tous d’égale force, ni de même complexion il est chez l’un plus robuste, chez l’autre plus débile. Et même souvent, comme je l’ai dit, chez la même personne, des circonstances pourront survenir, qui forceront d’interrompre les pénitences qu’elle avait commencées.

Si donc tu avais pris ou fait prendre aux autres la pénitence, comme fondement de la perfection, le découragement viendrait vite et avec