Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/475

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qu’elle possède, moins elle le voit, moins elle s’applique à l’examiner avec prudence. Elle est toute à la jouissance qu’elle éprouve de cette consolation :

la joie de posséder enfin ce qu’elle aime ne lui permet pas de le juger : son moindre souci est de se rendre compte de ce qu’il vaut.

Il en va de même de ceux qui aiment et désirent vivement les consolations spirituelles, qui recherchent les visions et s’attachent plus aux douceurs des consolations, qu’à moi-même, comme je te l’ai dit de ceux qui étaient encore dans l’état imparfait et qui regardaient davantage à la faveur des consolations, qu’ils recevaient de Moi, le donateur, qu’à l’amour de ma Charité, avec lequel je les leur donne. Ceux-là peuvent être trompés dans leur allégresse, sans compter d’autres dangers, dont je t’entretiendrai à part, dans un autre endroit.

Comment sont-ils abusés ? — Ecoute.

Lorsqu’ils ont conçu un grand amour de la consolation, comme il a été dit, et que la consolation leur arrive, ou quelque vision, quel qu’en soit la provenance, ils ressentent de la joie d’avoir enfin ce qu’ils aiment et désiraient d’avoir. Aussi, souvent, ces consolations pourraient venir du démon, qu’ils en éprouveraient encore de la joie. Ne t’ai-je pas dit, en effet, que lorsque le démon visite l’âme, sa présence se fait sentir, tout d’abord, par l’allégresse ; mais qu’elle laissait ensuite l’âme dans la tristesse, avec un remords dans la conscience, et sans aucun désir de la vertu ! J’ajouterai que cette allégresse peut se prolonger, et que l’âme peut la ressentir