Aller au contenu

Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, I.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Infini je suis, et je veux un amour infini, une douleur infinie. Cette douleur infinie je la réclame de la créature, et pour ses propres offenses personnelles commises contre moi son Créateur, et pour celles qu’elle voit commettre par le prochain. Ceux-là seuls ont un désir infini, qui sont unis à moi par affection d’amour. C’est à ce titre qu’ils s’affligent lorsqu’ils m’offensent ou qu’ils me voient offensé. Toutes leurs peines, soit spirituelles, soit corporelles, de quelque côté qu’elles viennent, reçoivent ainsi un mérite infini et satisfont à la faute qui est due à une peine infinie, bien qu’elles soient des œuvres finies, faites dans un temps fini. La vertu du désir a agi en elles. Elles ont été supportées, avec désir et contrition et déplaisir infinis de la faute. De là leur prix. C’est ce que nous montre Paul quand il dit : Quand je parlerais la langue des anges, quand je connaîtrais les choses à venir, quand je donnerais mes biens au pauvres, quand je livrerais mon corps au bûcher, si je n’ai pas la charité, tout le reste n’est rien[1]. Ces paroles du glorieux apôtre font bien voir que les œuvres finies ne sont suffisantes ni pour expier ni pour mériter sans le condiment de la charité.

  1. I Cor. xiii, 1-3.