Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/104

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abondance, et mon Epouse n’aurait pas eu à subir, à ce sujet, tant de révoltes.

Qu’ils laissent donc les morts ensevelir les morts : leur devoir, à eux, est de suivre la doctrine de ma Vérité et d’accomplir, en eux-mêmes, ma volonté, en se consacrant au ministère que je leur ai confié. Tout au contraire, ils s’appliquent, avec un amour déréglé, à ensevelir les choses mortes, les choses qui passent, usurpant ainsi l’office des hommes du monde. C’est là, ce qui m’offense, et c’est là, ce qui perd la sainte Église. Qu’ils abandonnent aux séculiers ce qui appartient aux séculiers. C’est aux morts à ensevelir les morts ; c’est à ceux qui sont préposés au gouvernement des choses temporelles, à s’occuper de cette administration.

Pourquoi t’ai-je dit que c’est aux morts à ensevelir les morts ? — Ce mot est à double sens. Morts sont ceux qui s’occupent des choses temporelles, avec un amour désordonné, et une sollicitude exclusive, qui les font tomber en péché mortel. Mais morts, aussi, peuvent être dits, ceux qui s’y adonnent, simplement. Car ces biens sont des biens sensibles, des biens corporels, et cette administration est un office corporel. Or le corps, de soi, est chose morte, il n’a pas la vie en lui-même. La vie, il la tient de l’âme, il participe à la vie de l’âme, tant que l’âme habite en lui ; il la perd, dès qu’il en est séparé.

Mes ministres consacrés, qui sont appelés à vivre comme des anges, doivent donc laisser les choses mortes aux morts, pour s’adonner à la conduite des