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CHAPITRE XIX

(128)

Comment ces ministres sont dominés par l’orgueil qui leur tait perdre le sens de la vérité ; et comment, dans cet aveuglement, ils en arrivent à simuler la consécration sans consacrer réellement.

Je veux, maintenant, te parler de la troisième colonne, qui est l’orgueil. Je l’ai placée la dernière, mais s’il est le dernier, l’orgueil est aussi le premier de tous les vices. Car tous les vices ont leur fondement dans l’orgueil, comme toutes les vertus sont établies sur la charité et n’ont vie que par elle. C’est l’amour-propre sensitif, qui engendre et nourrit l’orgueil, comme il est le fondement premier de ces trois colonnes, et de tous les péchés que commettent les créatures. Qui s’aime soi-même d’un amour désordonné, n’a pas en soi la charité, puisqu’il ne m’aime pas. En ne m’aimant pas, il m’offense, il n’observe pas le commandement de la loi qui lui fait un devoir de m’aimer, Moi, au-dessus de tout, et le prochain comme lui-même.

En s’aimant eux-mêmes d’un amour sensitif, ces malheureux ne peuvent donc m’aimer ni me servir ; c’est le monde qu’ils servent et qu’ils aiment car l’amour sensitif et le monde sont en Opposition avec moi. A raison même de cette opposition, qui aime le monde d’un amour sensitif, qui sert le monde d’une manière sensuelle, celui-là me hait ;