Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/136

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la pupille de la très sainte foi : le démon est là, qui l’assiège de la pensée de son infidélité, pour le pousser au désespoir. Oh ! que dire de cette lutte qui le trouve désarmé, privé qu’il est de ce glaive de la charité, qu’il a complètement perdu en devenant membre du démon !

Il n’a point la lumière surnaturelle, non plus que celle de la science, qu’il ne saurait comprendre d’ailleurs, puisque son orgueil ne lui permet pas d’en pénétrer le sens et d’en savourer la moelle. Aussi, l’heure venue de cette suprême bataille, il ne sait plus que faire.

Il n’a point été nourri de l’espérance, puisqu’il n’a point espéré en Moi ni dans le Sang, dont je l’avais constitué le ministre : tout son espoir il l’avait placé en lui-même, dans les honneurs et les plaisirs du monde. Il ne voyait pas, ce malheureux esclave du démon, que tout ce qu’il possédait lui avait été prêté en viager, qu’il en était débiteur, et qu’il lui en faudrait rendre compte devant moi ! Voilà que maintenant il se trouve seul, dans sa nudité, sans aucune vertu, et, de quelque côté qu’il se tourne, il n’entend que plaintes contre lui, il ne voit que sujets de confusion.

L’injustice, dont il s’est rendu coupable durant sa vie, l’accuse devant sa conscience, et lui ôte tout courage, pour demander autre chose que la justice. Si grande est sa honte, si troublante sa confusion, qu’il s’abandonnerait au désespoir, s’il ne s’était fait, pendant sa vie, une certaine habitude d’espérer en ma Miséricorde, bien qu’à raison de ses péchés,