Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/140

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Le ver de la conscience ne dort plus, tu le sens qui te ronge ! Les démons élèvent contre toi leurs clameurs, ils t’apportent le prix des services qu’ils ont coutume de payer à leurs esclaves, la confusion et les reproches. Pour qu’en cet instant de la mort tu n’échappes pas à leurs mains, ils veulent jeter ton esprit dans le trouble, pour t’acculer au désespoir et te faire ensuite partager leur sort.

O malheureux ! la dignité à laquelle je t’avais élevé, tu la vois aujourd’hui en pleine lumière, telle qu’elle est en vérité. Cette vue te force à reconnaître, pour ta honte, que c’est pour des œuvres de péché, que tu as retenu ou dépensé les biens de la sainte Église ; il te faut convenir que tu es un larron, que tu es débiteur envers l’Église, et que tu dois restituer ce qui appartient aux pauvres. Ta conscience te représente que ce bien tu l’as dépensé, en gratifications à des pécheresses publiques, pour élever tes enfants, pour enrichir tes parents ; tu l’as gaspillé dans le luxe de ta table, pour l’ornement de ta maison, pour l’acquisition de toute une vaisselle d’argent, toi qui devais vivre dans la pauvre té volontaire !

Elle te représente aussi, ta conscience, l’obligation de l’office divin, la facilité avec laquelle tu l’omettais, sans te soucier du péché mortel, que tu commettais par cette négligence ; elle te rappelle que, lorsque tu le récitais, c’était des lèvres seulement, et le cœur loin de moi.

Et les âmes qui t’étaient confiées ! la charité que