Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

espère en moi, ou bien qu’elle serve le monde et qu’elle place en lui son espérance — et en elle-même aussi ; car, dans la mesure où elle sert le monde, loin de moi, d’un service sensuel, dans la même mesure elle sert et aime sa propre sensualité, et, de cet amour, de ce service, elle attend une jouissance, un plaisir, une satisfaction sensuelle -. Mais comme c’est dans une chose finie, vaine et passagère qu’elle a mis son espérance, elle se trouve déçue et n’en retire pas la joie qu’elle en attendait. Tant qu’elle espère ainsi en elle-même et dans le monde, elle ne saurait espérer en moi, puisque le monde, les désirs mondains de l’homme, sont pour moi un objet de haine. Ils me font tellement horreur que c’est à cause d’eux, que j ’ai livré mon Fils unique à la mort ignominieuse de la croix. Entre le monde et moi, par conséquent, pas d’alliance possible.

Par contre, celui qui a mis en moi son espérance et me sert de tout son cœur, dans la plénitude de son âme, nécessairement et du même coup et pour la même raison, cesse d’espérer en soi-même et dans le monde : il n’a plus confiance en sa propre fragilité.

Cette véritable et sainte espérance est plus ou moins parfaite, suivant le degré d’amour que l’âme a pour moi : et, c’est dans la même mesure qu’elle goûte ma providence. Ceux qui me servent, avec l’unique espoir de me plaire, la goûtent mieux que ceux qui attendent de leur service une récompense dans la joie qu’ils trouvent en moi. Les premiers sont ceux dont je t’ai exposé la perfection, à