Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/193

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l’âme est immatérielle, il lui faut une nourriture immatérielle et c’est de ma parole qu’elle doit vivre. C’est pourquoi ma Vérité a dit, dans le saint évangile, que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venue de moi (Mt 4, 4). Elle doit donc suivre spirituellement, du fond du cœur, la doctrine de ma Parole incarnée, qui par la vertu de son sang dans les sacrements lui donne la vie ; car ces sacrements sont spirituels, et c’est à l’âme qu’ils sont donnés, bien qu’ils soient faits et administrés par l’intermédiaire du corps. Cet acte matériel ne communiquerait pas la vie à l’âme, si elle ne s’y disposait à le recevoir spirituellement par un vrai et saint désir, et ce n’est pas dans le corps, mais dans l’âme, qu’est ce désir. Voilà pourquoi je t’ai dit que les sacrements sont spirituels et que c’est a l’âme immatérielle qu’ils sont donnés. C’est bien sur le corps que s’exerce le rite extérieur, mais c’est au désir de l’âme qu’il appartient d’en recevoir l’effet.

Pour accroître cette faim, ce saint désir de l’âme, parfois je lui inspirerai ce vœu du sacrement, sans qu’elle puisse le satisfaire. Cette privation ne fait qu’attiser son ardeur, et lui apprend à se connaître elle-même, en l’amenant à se juger indigne par humilité. C’est moi qui l’en rend digne par divers moyens ménagés par ma providence pour lui procurer ce sacrement. Tu le sais bien, pour l’avoir entendu raconter et pour l’avoir éprouvé toi-même, si tu ne l’as pas oublié. La clémence de