Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/229

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Chaque membre s’acquitte de la fonction que je lui ai assignée, et chacun à son rang, dans un ordre parfait. L’œil s’applique à voir, l’oreille à entendre, l’odorat à sentir les odeurs, le goût à percevoir les saveurs, la main à toucher et à œuvrer, les pieds à marcher. Et tous s’accordent en un même sens harmonieux, qui est le service du prochain, pour l’honneur et la gloire de mon nom et le progrès de l’âme, parleurs bonnes, vertueuses et saintes opérations, soumis qu’ils sont, comme organes, à toutes les impulsions de la volonté. Ce bel accord a toutes mes complaisances ; il ravit les anges et fait les délices de tous. les vrais amateurs, qui l’écoutent dans la joie et dans l’allégresse, chacun participant au bonheur d’autrui.

Il fait aussi l’admiration du monde. Qu’ils le veuillent ou non, les hommes d’iniquité ne peuvent pas demeurer insensibles à la douceur de cette harmonie. Beaucoup se laissent prendre à son charme, et sa séduction les arrache à la mort pour les ramener à la vie. Tous les saints ont attiré les âmes par cette musique. Le premier qui ait fait entendre ce concert de vie fut le doux Verbe d’amour, lorsque, après avoir pris votre humanité pour l’unir à la divinité, il fit entendre sur la croix un si doux chant qu’il attira à lui le genre humain, et subjugua le démon auquel il enleva le pouvoir usurpé qu’il avait possédé si longtemps parla faute de l’homme. C’est à l’êcole de ce maître que tous vous avez appris l’harmonie. C’est lui qui vous a enseigné à accorder vos instruments. C’est avec cet art qu’ils tenaient