Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/23

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toi. Tu vis sortir de mon sein une lumière, semblable au rayon de soleil qui jaillit du disque solaire, sans cependant se séparer de lui. Dans cette lumière, unie avec elle, il y avait une colombe qui venait frapper sur l’hostie par la vertu des paroles de la consécration que le ministre prononçait. Les yeux du corps ne purent supporter plus longtemps cette lumière : la vision se continua par le seul regard de l’intelligence. Tu vis alors et tu goûtas l’abîme de la Trinité, et le Dieu-Homme tout entier, caché et voilé sous cette blancheur. Tu vis que ni la splendeur, ni la présence du Verbe, que ton intelligence contemplait en cette blancheur, ne détruisait en rien la blancheur du pain. L’une n’empêchait pas l’autre. En faisant le Dieu-Homme présent en ce pain, je ne supprimais pas le pain, je veux dire sa blancheur, sa dimension, sa saveur.

Voilà ce que te manifesta ma Bonté. A qui fut continuée cette vision ? A l’œil de l’intelligence éclairée par la pupille de la très sainte Foi. A lui doit revenir la vision principale, parce qu’il ne peut être trompé. C’est donc de ce regard, que vous devez contempler ce Sacrement.

Et qui le touche ? La main de l’amour. Oui, c’est avec cette main ; que l’âme touche ce que l’œil de l’esprit a vu et connu dans le Sacrement par la foi ; et elle touche avec cette main de l’amour, pour s’assurer de ce que l’intelligence a vu et connu par la Foi.

Qui le goûte ? Le goût du saint désir. Le goût corporel goûte la saveur du pain, et le goût de