Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/240

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Ma providence étendait déjà sa sollicitude au désir qu’elle exprimait ainsi devant moi, en inspirant à une personne la résolution d’apporter au monastère cinq petits pains.

Dans ce même temps, Agnès avertie par moi de ce qui se passait, disait à ses sœurs : " Allez, mes filles, on vous appelle au four, et apportez ce pain.

— Dès que le pain fut servi, elles se mirent à table et Agnès elle-même distribua le pain. Moi, je communiquai à son action une telle vertu, que toutes furent pleinement rassasiées. On recueillit les morceaux qui restaient, et ils étaient si abondants, qu’ils suffirent amplement à un autre repas. Ma providence avait en recours ici au prodige de la multiplication. Voilà les moyens qu’emploie ma providence envers mes serviteurs, envers ceux qui sont pauvres volontairement, et non seulement volontairement mais spirituellement ; car, sans cette intention spirituelle, leur pauvreté ne leur servirait de rien. Certes, les philosophes, eux aussi, par amour pour la science et dans le désir de l’acquérir, méprisaient les richesses et se faisaient pauvres volontairement. Leur lumière naturelle suffisait à leur apprendre que les soucis des richesses de ce monde les empêcheraient d’acquérir cette science, dont la possession était le but assigné à leur intelligence comme terme de ses efforts. Mais comme cette volonté d’être pauvre n’était pas spirituelle, n’était pas inspirée parla gloire et l’honneur de mon nom, ils n’obtenaient point par elle, la vie de la grâce ni la perfection ils n’avaient droit qu’à la mort éternelle.