Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de tous ces biens, et ils ont embrassé la pauvreté véritable. Ils en ont fait leur épouse, et accueilli du même coup tout le cortège de ses servantes. Et sais-tu quelles sont les servantes de la pauvreté ? C’est l’abnégation, c’est le mépris de soi, c’est la sincère humilité, qui conservent et nourrissent dans l’âme, l’amour de la pauvreté. C’est avec cette foi, cette espérance, cette ardeur de charité, que mes vrais serviteurs ont foulé aux pieds les richesses et leur propre sentiment. Ainsi fit le glorieux apôtre Mathieu ; il abandonna tout son argent, et laissa là son comptoir pour servir ma Vérité, qui vous apprit la manière et la règle, en vous montrant comment l’on aime et comment on sert la pauvreté.

C’est plus que des paroles que vous avez de lui, il vous a donné l’exemple. Depuis le premier jour de sa naissance jusqu’au dernier instant de sa mort, c’est par toute sa vie qu’il vous enseigna cette doctrine. Bien qu’il fût la suprême richesse, à raison de la nature divine par laquelle il est une même chose avec moi, et moi, le trésor des trésors, une même chose avec lui, il a voulu, pour vous, s’unir à la pauvreté ; pour vous, il en a fait son épouse.

Si tu le veux voir dans l’extrême pauvreté, regarde ce Dieu, qui est fait homme ; contemple-le dans cette bassesse, revêtu de votre humanité. Considère ce doux Verbe d’amour, naissant dans une étable, au cours d’un voyage de Marie, pour vous apprendre à vous, qui êtes voyageurs, que toujours, vous devez renaître dans cette étable, qui est la connaissance de vous-mêmes, où vous me trouverez, moi,