Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/254

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aux conseils que leur avait donnés ma Vérité, réellement et mentalement, comme il a été dit. Ils n’avaient de désir que de la mort, de dégoût et d’impatience que de la vie, non pour fuir le labeur et la peine, mais pour s’unir à moi qui suis leur fin. Et pourquoi ne craignent-ils pas la mort, dont la peur est naturelle à l’homme ? Parce que leur épouse, la pauvreté, leur a donné la sécurité, en les dégageant de l’amour d’eux-mêmes et des biens de ce monde. Par la vertu, ils ont donc foulé aux pieds l’amour naturel et reçu cette lumière et cet amour divin qui sont surnaturels.

Comment l’homme qui est parvenu à cet état, pourrait-il s’attrister de la mort, quand il désire de quitter la vie, quand il la regarde comme un fardeau, toujours plus lourd à porter, à mesure qu’elle se prolonge davantage. Regretterait-il d’abandonner les biens du monde, celui qui les a méprisés avec tant d’ardeur ? Ce n’est pas un mystère, que celui qui n’aime pas une chose n’a nul chagrin de la perdre, et qu’il se réjouit de la quitter, quand il la déteste. Ainsi, de quelque côté que tu regardes, tu trouves en eux la paix parfaite, le repos et tout bien ; tandis que dans les malheureux qui possèdent de grandes richesses, avec un amour si désordonné, tu ne rencontres que les plus grands maux et d’intolérables souffrances. Voilà l’exacte vérité. Les apparences parfois pourraient faire croire le contraire les apparences sont menteuses.

Qui n’eût pensé que le pauvre Lazare était dans la plus grande misère, tandis que te riche maudit