Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/264

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empressement qu’il alla à la mort ignominieuse de la croix. Regarde maintenant le premier homme, tu y découvriras la cause qui le fit manquer à l’obéissance que je lui avais imposée, moi, le Père éternel. L’orgueil, fils de l’amour-propre et de la complaisance qu’il eut pour sa compagne, voilà la cause qui le détourna de l’obéissance parfaite, et l’engagea dans cette révolte où il perdit la vie de la grâce et l’innocence première, pour tomber dans l’impureté et dans la plus profonde misère, où il entraîna avec lui toute sa race, comme je te l’ai dit.

Le signe que tu possèdes cette vertu, est la patience ; l’impatience, par contre te fera connaître qu’elle te manque. Ce que je t’expliquerai te fera comprendre qu’il en est bien ainsi.

Mais remarque tout d’abord, qu’il y a deux manières de pratiquer l’obéissance, dont l’une est plus parfaite que l’autre ; elles ne sont pas d’ailleurs séparées, mais unies, comme je te l’ai dit à propos des commandements et des conseils. L’une est bonne et parfaite, l’autre très parfaite, mais il n’est personne qui puisse entrer dans la vie éternelle s’il n’est obéissant. Sans l’obéissance, on reste dehors ; car l’obéissance est la clef, avec laquelle fut ouverte la porte qui avait été fermée par la désobéissance d’Adam. Poussé par ma bonté infinie et ne pouvant me faire à l’idée que l’homme que j’aimais tant, ne faisait pas retour à moi sa fin dernière, je pris la clef de l’obéissance et je la remis aux mains du doux Verbe d’amour, ma Vérité, que j’établis portier du ciel. C’est lui qui en ouvrit la porte. Sans cette clef